Comment sortir du jeu victime et persécuteur ?

A la fin d’un séminaire de communication bienveillante, je fus très étonné par la réaction de certaines participantes, me reprochant ce que j’avais pu leur dire pendant le séminaire ou me posant des questions dont j’avais du mal à comprendre l’intention, pressentant leur position de victime, m’accusant implicitement d’avoir été leur persécuteur.

Victime

J’étais frustré de ne pas avoir réussi à faire passer un message de prise de responsabilité de nos émotions dans la communication bienveillante. Grâce à notre dernière séance de pratique, j’ai pu ouvrir une stratégie de réponse. Dans cet article, nous explorons ce jeu de « victime » persécutant un « persécuteur » et, à l’aide de deux exemples, préciserons une stratégie pour en sortir.

Les jeux de Eric Berne

Eric Berne, psychiatre inventeur de l’Analyse Transactionnelle, a mis à jour plusieurs jeux qui perdurent avec certaines personnes dont l’objectif caché est d’éviter l’intimité. Certains se jouent à deux, les plus connus étant :

  • « Oui, mais » où la victime émet des objections à la personne qui veut la sauver. Un film avec Gérard Jugnot, que j’ai beaucoup aimé, a été tourné sur ce thème.
  • « Je te tiens salaud » où la victime prend un prétexte pour persécuter autrui.
  • « Sans toi » où la victime fait reposer sur son persécuteur son absence de prise de décision.

D’autres jeux se jouent en groupes de thérapie, comme « la serre » où l’objectif est de montrer, telle une belle fleur, ses sentiments à autrui, sans aller plus loin, s’exposer pour changer et guérir.

Deux exemples de jeu

Voici deux exemples que nous avons pu travailler en jeu de rôle grâce à mon groupe de pratique.

Je trouve cela inadmissible

Voici la remarque de base :

Ce que tu m’as dit est inadmissible. Tu n’avais pas à me poser cette question.

J’ai pu obtenir la question que je lui avais posée. Mais, l’ayant entièrement oubliée, je ne sus quoi répondre. J’étais néanmoins content de lui avoir fait formuler une observation plutôt qu’un jugement. Voici le résultat de notre groupe de pratique…

– J’aimerais avoir une relation d’adulte à adulte avec toi maintenant. Es-tu OK avec cela ?

– Oui

– Serais-tu ok qu’on aille voir quel est ton besoin insatisfait maintenant ?

– Non

– Si je comprends bien, tu as besoin d’être en paix par rapport à ce qui peut être encore douloureux chez toi ?

Cette conversation a apaisé les 2 protagonistes. Ainsi, de préciser l’objectif d’avoir une relation Adulte / Adulte casse le jeu sous-jacent.

Réponds à mes questions

Voici le dialogue initial.

– Qu’est-ce que c’est que le partage pour toi ?

– Pour moi, c’est comme de partager un gâteau.

Et la conversation s’est arrêtée là. J’avais trop peur de perdre de l’énergie pour échanger sur le sujet. Voici la réponse de notre groupe de pratique :

– ça te va comme réponse où tu attendais autre chose ?

– Je préfère qu’on passe.

– Si j’ai bien compris, ce qui ce passe, c’est que tu es plus en paix avec toi-même en ne répondant pas à la question.

Dans le deuxième cas, d’expliciter ce que vit la personne semble être une piste prometteuse.

Une stratégie prometteuse

Voici donc les deux temps possibles :

  • Clarifier l’échange sur la base égalitaire d’adulte à adulte responsable de ses émotions. Et d’oser le clamer !!!!
  • Aider l’autre personne à mettre des mots sur ce qu’elle est en train de vivre, de la souffrance la plupart du temps.

Cela répond aussi à la peur de l’intimité qu’une personne peut avoir avec elle-même et autrui, tel qu’appréhendé par Eric Berne.

En conclusion : métacommuniquer et reformuler

Les jeux sont permanents et il est difficile de les anticiper. Je préfère rester « naïf » plutôt que de me méfier en permanence. Nous retrouvons dans la clarification de l’objectif la formulation de l’intention, étape cruciale de la communication bienveillante, qui permet de méta communiquer avant de communiquer. Merci à mon groupe de pratique de pouvoir le travailler à tête reposée.

Pour aller plus loin

Un texte de Bert Hellinger sur l’aide thérapeutique et la relation d’adulte nécessaire pendant ce processus.

Quatre livres :

 Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire.

11 réflexions au sujet de « Comment sortir du jeu victime et persécuteur ? »

  1. Dans mon dernier poste, je me suis retrouvé coincée chez un persecuteur de type pervers narcissique (ou pas), qui a joué bien de son autorité en entreprise pour me faire pleurer, pour me demander l’impossible puis me cacher (je n’etais jamais inviter en reunion à presenter mon travail).
    Scenario typique : scenario de vie, je n’ai pas ecouté mon intuition qui me disait ‘n’y vas pas’, j’ai fini par me faire ejecter avec l’aide interessée d’une stagiaire à dents longues, qu’il a fini par embaucher.

      • Je ne comprends pas tres bien… quelle observation?
        En entreprise, on essaye de bien faire, pour etre bien noté et remuneré (si possible, avoir un bonus).

        Comme tout etre humain, je voulais etre reconnue pour ce que je faisais (ou essayais de faire), mais il s’arrangeait toujours à la derniere minute pour presenter mes slides, sous pretexte que pas « assez abouti » (alors que la veille, il disait que c’etait parfait).

        • L’observation est proche quand tu écris « mais il s’arrangeait toujours à la derniere minute pour presenter mes slides, sous pretexte que pas “assez abouti” (alors que la veille, il disait que c’était parfait) ». Donc, un jour, il a présenté tes transparents qu’il ne trouvait pas assez abouti alors que la veille, il t’avait dit que c’était parfait. Je pense que c’est d’abord un besoin de cohérence ou de compréhension.

  2. Hum, j’avoue etre toujours perdue…
    Son besoin de coherence… c’est lui qui n’etait pas coherent!
    En milieu professionel, il est quand meme difficile de rester en dehors de ces jeux… ou alors on est « hors-jeu » , comme sur un terrain de football!

    Entre adultes (consentants), quand des stakeholders sont invités à presenter en réunion, ils sont responsables de ce qu’ils presentent!

    Mais en niant à la derniere minute à une personne la possibilité de defendre, d’expliquer son contenu, on la force -à mon avis- sur une position d’enfant!
    Qu’en pensez vous, Michel?

    • Paula, reviens chez toi. En allant dans les pensées de l’autre et en le jugeant (il n’était pas cohérent, les strakeholders sont responsables de ce qu’ils présentent, ils nient la possibilité de se défendre), tu t’éloignes de toi et tu ne te donnes pas la possibilité de choix de ta réaction. Tu aurais pu dire « je suis triste de ne pouvoir expliquer le contenu car j’ai vraiment envie …. »
      Ton besoin est-il un besoin de reconnaissance ? Prends le temps de le trouver.

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